Mercredi 25 août avait lieu le soixante-dix-septième anniversaire de la Libération de Paris et de sa banlieue. A cette occasion, un dépôt de fleurs a été effectué devant les plaques commémoratives à la mémoire de ceux qui sont tombés en combattant le nazisme.
Visionnez l'allocution de Patricia Tordjman, Maire de Gentilly
Mesdames, Messieurs, chers amis,
Nous sommes réunis aujourd’hui pour commémorer la Libération de Paris et de sa banlieue. Voilà 77 ans, en cette même place, notre maire Charles Frérot, le Comité local de libération et la population en liesse accueillaient les blindés du Général Leclerc.
Charles Frérot, après quatre ans de captivité, appuyé sur sa canne, symbolise la détermination des Résistants. Ces milliers d’hommes et de femmes qui, d’abord par des actes isolés, des rébellions éparses puis l’organisation de réseaux et la réunion des forces ont permis, aux côtés des Alliés, de rendre à la France sa liberté et sa dignité.
Ce jour du 25 août 1944, à Gentilly, la population a repoussé les barricades pour laisser passer les chars de Leclerc, après plusieurs jours de soulèvement et de combats de rue acharnés. La révolte grondait et s’organisait dans les faubourgs et la capitale depuis l’annonce du débarquement Allié sur les côtes normandes, le 6 juin. A cette date, le colonel Rol Tanguy, chef des Forces Françaises de l’Intérieur pour l’Ile de France, mobilise ses troupes. Il nomme le colonel Fabien, chef des Francs-Tireurs et Partisans, au commandement du secteur sud. Le dépôt SNCF de Vitry débraye le 10 août. Les grèves et les manifestations s’intensifient. Le 18 août, Rol Tanguy appelle à l’insurrection générale par voie d’affiches. Les comités de libération prennent d’assaut les préfectures et les mairies. Celle de Gentilly est réinvestie le 20 août. La radio, les journaux ne paraissent plus. Le peuple est dans la rue.
La reconquête de Paris et de sa banlieue s’avère difficile. Hitler veut mater la rébellion, détruire les ponts et monuments, couper la tête du pays. Son général en poste Von Choltitz et ses16 000 hommes, pourtant mal équipés, ont ordre de se battre jusqu’au dernier. La bataille fait rage une semaine. On dénombre plus de 130 soldats de la 2e DB, 500 Résistants et quelques 3000 civils tués à Paris et en banlieue.
« Tenez bon, nous arrivons ! ». Le message du Général Leclerc est lancé par un avion le 24 août dans la cour de la préfecture de Paris. La 2e DB et ses 16 000 hommes percent par le sud. Ils traversent une banlieue pavoisée en dernière minute, avec des bouts de tissus, des drapeaux de fortune aux couleurs de la France. La foule est euphorique, malgré les affrontements persistants, à la Croix de Berny et à Fresnes notamment. Les soldats de la Nueve, dont une majorité de Républicains espagnols, sont les premiers à rejoindre les FFI à l’Hôtel de Ville de Paris via la porte d’Italie. Quel symbole que ce front de tous pays uni contre le nazisme !
Le cessez-le-feu est signé par les généraux Leclerc et Von Choltitz à la Préfecture de Police. La capitulation des troupes allemandes est officialisée à la gare Montparnasse le 25 août. Le général de Gaulle, son état-major ainsi que les chefs de la Résistance descendent les Champs Elysées le lendemain. Le régime de Vichy « fut toujours et demeure nul et non avenu », dira le représentant de la France libre.
A Gentilly, les plaques apposées sur les façades de nos rues rendent hommage aux combattants tués pour la liberté. Je vous invite à lire l’histoire de chacun et chacune d’entre eux sur le site Internet de la Ville. Les recherches et les petits textes sont signés de la Société d’histoire de Gentilly. Ces récits brefs racontent la violence de l’époque, le courage qu’il a fallu pour braver l’Occupant, ces vies de Gentilléens et Gentilléennes fauchées, souvent à la fleur de l’âge.
Je profite de cette évocation pour remercier Mme Poudubois, représentante de la Société d’histoire, ici présente, qui a la gentillesse d’assurer la charge de Maitresse de Cérémonie pour cette commémoration et deux autres auparavant.
Je veux rendre hommage en ce jour anniversaire à toutes celles et ceux de notre ville qui ont lutté au péril ou au prix de leur vie contre la barbarie du IIIe Reich et la collaboration. Telle la Résistante Lucy Le Puill, employée de l’école Lamartine, déportée à Ravensbrück. Son fils Victor Marquigny, torturé et exécuté par les nazis, le 2 juin 1944. Ou encore Joseph Daniel, l’un des syndicalistes déportés de la Sanders, dont le petit fils Jean Daniel qui œuvrait au travail de mémoire nous a récemment quitté. Toutes celles et ceux qui ont préparé la Libération sans en voir jamais la victoire. Mais ils l’ont obtenue !
Le haut commandement allemand capitule le 8 mai 45, à Berlin, en présence des Alliés russes, américains, britanniques et français. La Seconde Guerre mondiale s’achève dans une Europe en sang, en deuil et en ruine, profondément blessée par cinq années d’hitlérisme, martyrisée par l’horreur des camps.
Chaque commune de France abrite ainsi son Panthéon de gens modestes et courageux, clairvoyants, rebelles, fraternels, qui, par-delà les âges, nous enseignent la valeur de la démocratie, de la tolérance et de la paix.
Le poète Paul Eluard rendait ainsi hommage à Gabriel Péri et à la Résistance :
Un homme est mort qui n’avait pour défense
Que ses bras ouverts à la vie
Un homme est mort qui n’avait d’autre route
Que celle où l’on hait les fusils
Un homme est mort qui continue la lutte
Contre la mort contre l’oubli
Car tout ce qu’il voulait
Nous le voulions aussi
Nous le voulons aujourd’hui
Que le bonheur soit la lumière
Au fond des yeux au fond du cœur
Et la justice sur la terre
Il y a des mots qui font vivre
Et ce sont des mots innocents
Le mot chaleur le mot confiance
Amour justice et le mot liberté
Le mot enfant et le mot gentillesse
Et certains noms de fleurs et certains noms de fruits
Le mot courage et le mot découvrir
Et le mot frère et le mot camarade
Et certains noms de pays de villages
Et certains noms de femmes et d’amies
Ajoutons-y Péri
Péri est mort pour ce qui nous fait vivre
mais son espoir est vivant.
Je vous remercie.
A l'occasion de cette commémoration, Nadine Herrati, adjointe en charge du travail de mémoire, a déposé une gerbe devant la plaque commémorative de l'avenue Paul-Vaillant-Couturier, conjointement avec la Ville de Montrouge limitrophe.
Consultez la liste des plaques commémoratives de Gentilly
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